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Photo du rédacteurJoanie Cyr

Dure annonce

Joanie Cyr, troisième secondaire

Source: fredmagnus, Pixabay


J’écrivais un petit poème dans le coin gauche de ma feuille, racontant à quel point je n’aimais pas les devoirs d’écriture. L’école nous donnait soit trop de restrictions, soit pas assez pour faire un bon texte qui a du sens et de l’émotion, c’était déstabilisant. Le confort de ma chambre me réconfortait pendant que j’étais en train d’insulter le fonctionnement scolaire intérieurement. J’étais installée sur une chaise de « gaming » face à mon bureau illuminé par mes néons de couleur vert militaire comme les murs de ma chambre. Cela me rappelait mon père qui était parti à l’armée il y a 2 ans. J’avais hâte qu’il revienne…


 Ma mère fit irruption dans ma chambre, ce qui me fit sortir de mes pensées en plus de pousser un petit cri de surprise.


-            Maman ! toque avant d’entrer !


Je me retournai rapidement pour faire face à la porte parallèle à mon bureau de travail.

 

-            Pourquoi, tu as quelque chose à cacher ? enchaina-t-elle, sachant très bien que j’allais faire la remarque.


Chaque fois qu’elle me sortait des phrases de parent strict comme ça, cela me donnait cette impression qu’elle ne me faisait pas confiance ou que j’avais encore onze ans.


-            Non, c’est juste normal qu’à dix-sept ans tu respectes mon intimité, dis-je avec découragement dans la voix.


Elle s’installa sur mon lit au milieu de ma chambre à un endroit plat sans peluche et me lança :

-            Laurie...Il faut qu’on parle, dit-elle d’un air sérieux.


Je détestais lorsqu’elle utilisait ce regard et ce ton de voix, en plus de cette posture de jambes croisées et doigts entrelacés.


Je lui lançai un regard d’interrogation et d’inquiétude. Quelques secondes suivirent ces paroles et son sérieux se changea aussi en inquiétude.

 

-            J’aurais aimé ne jamais avoir cette discussion, mais je n’ai plus le choix, déclara-t-elle

 

-            Tu me fais peur, est ce que c’est grave? bafouillais-je.

 

-            Disons que nos vies seront drastiquement chamboulées…

 

Elle voulait être sûre que mon anxiété se transforme en crise cardiaque pour me faire patienter comme ça.

 

-            Accouche !! criai-je, incapable d’attendre plus longtemps.

 

-            Tu ne te sens pas bien dans ton école et je le comprends, alors j’ai pensé que tu aimerais peut-être un nouveau départ au Bas-Saint-Laurent.

 

Je commençais à avoir des étoiles dans les yeux, remerciant de tout mon cœur ma mère d’enfin mettre en place une solution à mon calvaire quotidien.

 

-            Tu partiras demain… m’annonça-t-elle.

 

Je déchirai mon devoir tout en faisant attention de garder mon mini poème intacte. Je me retournai pour faire face à ma mère qui avait la tête baissée, évitant à tout prix mon regard. Je repensai à ses paroles et ses mots employés : « TU partiras demain »


-            Tu...tu ne viens pas avec moi ? bégayai-je.


Son silence me le confirma. Je partirai seule vivre dans un endroit inconnu. Une boule dans mon ventre se forma et ma gorge se noua. Je ne savais pas si c’était plus paniquant entre redouter chaque jour d’école ou quitter tout ce que je connaissais pour vivre, seule, à dix-sept ans…je n'étais même pas majeure !



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