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Photo du rédacteurXavier Chenel

Tyler l'urbexeur

Xavier Chenel, quatrième secondaire


Ce texte a été rédigé dans le cadre de la première Journée des arts et de la création littéraire.


LES INFORMATIONS HISTORIQUES CONTENUES DANS L’HISTOIRE NE SONT PAS TOUTES VÉRIDIQUES 

 

Source de l'image: loannisKon sur Pixabay.

Tyler Miller, jeune homme de 26 ans, se rapprochait de l’immense bâtiment de bois devant lui. Les fenêtres cassées étaient couvertes de planches et la porte principale était barricadée de l’extérieur. Il avança, pied de biche en main, et retira les six morceaux de bois l’un après l’autre. Puis, il pénétra ces lieux sombres. Éclairé d’uniquement la pleine lune, il fit quelques pas. Sortant sa caméra vidéo de son sac, il l’alluma et se mit à parler. 


-Salut les gens ! C’est Tyler de votre chaîne d’urbex préférée, dit-il de façon enjouée. 


Le jeune adulte alluma sa lampe de poche qu’il déplaça dans toutes les directions. Soudain, la porte d’entrée se ferma brusquement. Il se retourna d’un coup, surpris.  


-Probablement un coup de vent, dit-il à la caméra. 


Puis, il se dirigea vers une autre pièce. La vieille maison grinçante était couverte de poussière, gênant sa respiration. Chaque seconde qui passait lui donnait envie de partir, mais il restait, se convainquant que ce serait une très bonne vidéo. Tout en visitant, il racontait l’histoire de l’habitation.  

 

-J’ai fait des recherches, et selon la légende, il y a eu de nombreux meurtres ici. Le premier Premier ministre du Canada, John A. Macdonald, qui avait passé une partie de sa jeunesse ici, aurait vu son voisin venir assassiner un domestique. Quelques années plus tard, il s’agissait d’un riche homme d’affaire qui tuait sa femme et ses deux enfants. Finalement, alors que la maison était déjà abandonnée depuis plusieurs années, un évadé de prison se cachant ici, a été retrouvé et a dû tuer un policier de la GRC afin de s’enfuir. À la suite de ces évènements, les autorités ont barricadé toutes les entrées. 

 

Tyler entra dans une petite pièce, un bureau massif et une chaise de bois trônaient au milieu avec les murs garnis d’étagères remplies de livres. Il découvrit une vieille dactylo sur le dessus, il la testa et elle fonctionnait. Positivement surpris, il passa à la pièce suivante. Il ouvrit la porte et un escalier se trouvait devant lui, il le descendit prudemment. Lorsque le faisceau lumineux de sa lampe mit en évidence un mince fil de pêche tendu dans la longueur de la marche, impossible de l’esquiver accidentellement. Le stress commençant à monter, il opéra un demi-tour, referma la porte et visita une autre pièce. Il prit la première porte du couloir dans laquelle se trouvaient une table, quelques chaises, avec une seconde porte où il n’y avait que quelques lits. 

-Selon moi, c’est la zone des employés.  

 

Les autres pièces du couloir confirmèrent son hypothèse. Après deux heures de visite, le premier étage était finalement terminé. Il se retrouva alors dans le hall et monta l’immense escalier central.  

 

L’étage possédait autant d’ornements d’or et de marbre que le rez-de-chaussée. Tout au long de l’exploration de l’étage, il entendait de nombreux bruits. 


-J’ai l’impression que quelqu’un marche au-dessus de moi, dit-il le cœur battant. Je vais essayer de trouver l’accès au grenier.  

 

Tyler observa avec soin chaque plafond de chacune des vingt-six pièces de l’étage lorsque finalement, dans la toute dernière pièce, la chambre des propriétaires, il découvrit une trappe dans la garde-robe. Il l’ouvrit délicatement, enfila la bandoulière de sa caméra autour de son cou et grimpa. Il balaya la zone rectangulaire de la lampe de poche à la recherche de quiconque se cachait, lorsqu’une ombre apparut, la tête collée sur les genoux. Le jeune homme posa sa lampe et se mit debout, mais quand il redirigea sa lumière dans la même direction, il n’y avait plus rien. Le cœur battant à mille à l’heure, il regarda partout autour, ne voyant rien. Sa vue se troublait, ses mains tenaient la lampe fermement. Des pas de course se firent entendre derrière lui et il tomba dans la trappe ouverte. Puis, la trappe se ferma brusquement. 

 

Prenant ses jambes à son cou, il descendit l’escalier par quatre et arriva à la porte d’entrée ayant parcouru les cinquante mètres en vingt-deux secondes top chrono. Il tourna la poignée et rien ne se produisit, la porte était verrouillée. Il força de tout son possible jusqu’à l’évanouissement. Il se réveilla une heure plus tard, il voyait le soleil se lever par l’immense fenêtre positionnée au-dessus de la porte.  

 

Il sortit son téléphone cellulaire, une seule barre de réseau. Il prit le premier contact de son répertoire, envoya un court message, puis appuya sur envoyé au moment même où son appareil manqua de batterie. Les bruits de pas se trouvaient encore à l’étage au-dessus de lui. Désespéré, il filma un message d’adieu à l’aide de sa caméra qui à son tour, manqua de batterie.  

 

Une idée traversa son esprit. Entendant les pas dans l’escalier, il se dépêcha. Une fois dans le bureau, il écrivit plusieurs messages de demande d’aide et récupéra une demi-douzaine de livres. Il retourna dans le hall central, regarda discrètement et vit l’ombre, encore présente. Il patienta et lorsque l’ombre passa par l’autre côté, il en profita. Tyler monta les marches à la suite, et lança les six livres dans la fenêtre qui se brisa en un nombre incalculable de petits morceaux coupants. Puis, il plia chaque feuille en avion de papier et les lança, une seule d’entre elle réussit à sortir. Voyant l’ombre revenir, il courut se cacher. 

 

Il patienta deux longues heures. Deux heures à entendre les différentes portes des pièces et des placards claquer violemment. Il se mit à pleurer sous le stress. À chaque seconde qui passait, il voyait sa vie défiler devant ses yeux. Les mains moites et la respiration haletante, il pensait exploser tandis qu’un calme s’installa lentement.  

 

Il sortit de sa cachette en entendant la porte d’entrée. Il se mit à courir pour l’empêcher de fermer, mais au moment où il arrivait, elle se verrouilla à nouveau. Il observa donc la personne qui venait d’entrer. 

 

-Marc ? Dit Tyler surpris. T’as reçu mon message. 

-Oui, dès que j’ai eu la notification, je me suis dépêché à venir. Disons que ce n’est ni l’endroit le plus proche, ni le plus simple à trouver. 


Un immense coup de vent propulsa Marc sur le ventre. 

 

Les deux amis se mirent à courir dans la maison, parcourant tout le trajet menant à la porte de l’escalier, porte que Marc ouvrit et descendit. Il traversa les marches et trébucha dû au fil tendu. Tyler vint à son secours en l’esquivant, observant les lieux. L’étage était un carré, avec une porte à côté de celle des escaliers menant à un endroit entièrement vide. Le reste de l’étage et une immense bibliothèque. 

 

-Il doit y avoir au moins des centaines ou des milliers de livres, dit Marc en s’accotant sur une des étagères. 


Perdant l’équilibre, il accrocha un livre qui ne tomba pas. Il restait là, penché à quarante-cinq degrés. Tyler s’approcha et tenta de déplacer le meuble. 


-Imagine qu’on trouve un passage secret, dit Tyler en rigolant. 

Rien ne se déplaça, il tenta donc avec les étages voisines et l’une d’entre elles était amovible. Ils entrèrent, la lampe de poche pointant chaque détail. Une prison, une salle de torture. 

-Mon dieu, y s’est passé quoi ici ? dit Tyler, choqué. 


Marc montra quelque chose dans la prison, des os, des os et un crâne humain de petite taille. Des enfants avaient été enfermés. Ils sortirent rapidement de là, replaçant la bibliothèque sans remettre en place le livre.  Une fois de plus, les bruits disparurent et ils purent remonter, oubliant le sac à dos de Tyler dans la salle de torture. Tyler inspecta chaque fenêtre de chaque pièce, tous barricadés d’une plaque de bois. Utilisant tout ce qu’il trouvait, il ne réussit pas à percer la moindre sortie.  

 

Désespérés, ils se dirigèrent dans le bureau ou chacun leur tour, écrivirent un message. 


-T’as-tu ton cell ? demanda Tyler. 


Marc comprit immédiatement et le sortit de ses pantalons. 


-Criss qu’on est cave, ajouta Tyler.

 

Pendant ce temps, Marc tapa les trois chiffres sur son clavier de téléphone. 9. 1. 1. et mena le téléphone à son oreille. Il donna toutes les infos qu’il possédait tandis que le réseau téléphonique coupa sec. 

 

-Espérons qu’ils viendront.  

 

-As-tu apporté du matériel pour contrer les esprits ? demanda Marc à son ami. 

-Oui, c’est dans mon sac à dos. Un bref blanc se fit sentir. Sac à dos que j’ai laissé dans le sous-sol. 

 

Ils descendirent donc à nouveau, la lampe de poche de Tyler commençait à vaciller. Il l’éteignit donc et se fièrent uniquement à celle de Marc. Avant d’arriver devant la porte, elle ferma brusquement. Marc donna des immenses coups de pied dedans, mais elle ne cédait pas. Impossible d’accéder au sac à dos. 

 

Cela faisait maintenant une journée entière que le jeune Miller était enfermé dans le vieux bâtiment. Dix-huit heures que Marc l’avait rejoint et dix-sept heures que la police était supposée arriver. Ils tentèrent désormais de briser les plaques de bois à coup de poing, il s’agissait d’un échec monumental. Le désespoir ayant complétement envahi les deux amis, ils se laissèrent tomber sur le sol. 


-Peux-tu réessayer d’appeler la police ? 

-Mon cell est mort, affirma Marc. On est crissement dans la marde. 

-Ouaip. 

 

Marc se releva et récupéra le pied de biche. Se dirigea à l’opposé de la maison et put finalement ouvrir la porte du sous-sol. L’étagère ne se retirant pas, il utilisa à nouveau le pied de biche, ce qui redonna accès à la salle de torture. Tyler repris son sac et chacun leur tour, ils traversèrent la maison et le hall d’entrée. Ils étalèrent du sel autour d’eux, Tyler mit une croix autour du cou de son ami, puis se munit d’un pistolet d’eau bénite. Une, puis deux, finalement trois heures s’écoulèrent sans qu’ils ne sortent du cercle, des portes qui claquaient partout dans la maison les effrayaient au plus haut point. 

 

Ils se rappelèrent leurs plus beaux moments ensemble. 


-Tu te rappelles ton article bogué ? Ça disait juste « nous agréons de la construction ». 

-Ouais, répondit Marc en rigolant. On n'a toujours pas compris d’où il venait. 

 

Soudain, Tyler entendit le téléphone de Marc sonner. Ce bruit lui fit remarquer qu’il en était tombé de sa poche. Il le prit, l’ouvrit et regarda. Aucun appel au secours n’a été effectué et le texto que Tyler avait envoyé ne s’était jamais envoyé. Il déposa le téléphone sur le sol et récupéra un couteau de chasse enfoui dans son sac à dos, mais reçu un coup sur la tête qui l’assomma sur le champ. 

 

Il se réveilla une dizaine de minutes plus tard, attaché sur une chaise, dans la salle de torture. Divers instruments avaient été installés sur la table à côté de lui et une guillotine prête à l’usage non loin de là. Marc arriva, un ton sérieux imprimé sur son visage. 


-Je sais qui tu es, Tyler. Il y a sept ans jour pour jour, tu t’es évadé d’une prison fédérale et tu es parti te cacher dans une vieille maison abandonnée. Puis, un policier t’a retracé, tu l’as tué pour t’enfuir. Il s’agissait de mon frère, il est mort lentement et en souffrance. Tu vivras l’exacte même chose. 

 

Marc se tourna afin de prendre un petit couteau. Pendant ce temps, Tyler se débattait comme il le pouvait. Soudain, un nouveau coup de vent fit tomber Marc qui bascula sur la guillotine et la lame suivit le mouvement. Sa tête fut séparée du reste du corps. Tyler cependant, ne put se détacher et resta en place. Il réussit finalement avec une facilité déconcertante à se retirer de ses liens. Il se tourna. Son corps était encore attaché sur la chaine. Tyler Miller venait de rendre l’âme deux jours après avoir été attaché. La lumière blanche aveuglante de la mort contrastait avec la noirceur invisible de la vie. Il rencontra celui qui hantait le logement.


-Salut, dit le fantôme de manière super enjouée. J’ai essayé de te sauver pour qu’on soit ami, mais si tu es mort, notre amitié éternelle sera bien plus simple. 

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1 Comment



Je ne savais pas que Xavier avait un tel talent d’écrivain! Bonne continuation!


Ton ancien prof!

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