Rire Jaune

Louis Bellemarre, collaboration spéciale

24 novembre 2021

Sous la chaleur de l’été

Dans les champs labourés

Sous la température torride

D’une Floride humide

Né près d’une grange

Mon gardien n’était pas un ange

Déjà ma vie tracée

Dans un chemin imposé

Ramassé dans les lointaines campagnes

Puis transporté en Allemagne

Entre le camion et l’avion

Du cargo au bateau

Malmené, emprisonné

Je ne pouvais bouger

En paquet pressé

Nous y étions des milliers

Enfin tous arrivés

Nous fûmes placés

Collés en peloton, en rang

En attendant l’heure du Sang

Détenus des jours

Sans nourriture, sans eau

Développant des maux

Éliminés tour à four

Traités comme du bétail

Vendus au plus offrant

Analysés dans chaque détail

Peu importe le temps

À leurs yeux, qu’un montant

Esclave du truand

Je n’étais pas très payant

Ne lui donnant que quelques francs

Le jour funeste vint

Saisi comme un objet

Trainé comme un chien

Acheté et mis en paquet

Transporté dans le silence

Venus de toutes correspondances

Des blancs, des jaunes, des noirs

L’ethnicité dans une foire

Arrivé à destination

Envoyé au camp de concentration

Prêt à mourir à l’intérieur

Des douches de la chaleur

Je fus coupé, tranché

Pressé et immolé

Telle était l’amertume des agrumes

Telle était la chanson du citron