Isabelle D'Amours, enseignante de français
9 avril 2020
Les élèves des groupes 40-42-46 et 47 ont écrit un poème en février, suite à la lecture d’un poème de Jacques Prévert. Ils devaient imaginer ce qui s’était passé avant… ou encore, ce qui se passerait après. (Veuillez noter que certains poèmes publiés ne respectent pas tous les critères demandés, mais je les ai quand même choisis pour leur beauté littéraire).
Voici le poème en question :
Déjeuner du matin
Paroliers : Jacques Prevert / Joseph KosmaParoles de Déjeuner du matin © Associated Music Pub. O/B/0 Enoch And Cie, ASSOCIATED MUSIC PUB. OBO ENOCH AND CIE
L’amour
Anne-Marie Chouinard, groupe 40
Lui qui était si romantique
Lui qui était si attentionné
Lui qui était si poétique
Je croyais être en train de rêver
Cependant, il n’avait plus les yeux rayonnants
Son regard était plus violent
Je ne voyais plus sa beauté en lui
Je ne voyais plus sa bonté en lui
Il m’a appris ce qu’il avait commis
Il avait mille raisons d’avoir des torts
Le pire, c’est qu’il n’a fait aucun effort
Même pas pour rattraper ses actes choisis
Ce matin, il n’a rien arrangé en partant
Je ne suis plus aussi amoureuse
C’est la fin d’une histoire qui fut heureuse
Au début, par moment, mais pas souvent
La peine du soir
Maude Lafontaine, groupe 40
Mes larmes avaient arrêté de couler, enfin
Mes yeux bridés étaient déshydratés
Comme les fruits séchés du supermarché
Je n’avais pas bougé de mon recoin
Plusieurs heures s’étaient écoulées
Le soleil commençait à se coucher
Il arrivait l’heure de son retour
Est-ce qu’il était parti pour toujours?
Avais-je réagi trop fortement?
Tout se répétait dans ma tête; les pleurs, les silences, les cris
Pourtant, il savait qu’il avait tort
Je n’ai pas aimé comment ça s’est fini
Il m’a dit qu’il ne m’aimait plus comme avant
Qu’il n’était plus dans un bon état
Et que ça allait être mieux comme ça
Maintenant, il est parti en un coup de vent
Le fêtard
Cassandra Lavoie, groupe 42
Tout a commencé il y a dix ans
Lorsque nous étions seulement des enfants
Début vingtaine, des rêves plein la tête
Maison, enfants, mais lui ne pensait qu’à la fête
Fêter le matin, le midi, le soir, sans jamais s’arrêter
Ni la gueule de bois, ni les maux de tête
Épuisée, effrayée, impuissante, je ne fais que le regarder
Rien ne l’arrête, dans ma tête, c’est la tempête
Il semblait être mon prétendant idéal
Homme magnifique, honnête et loyal
Mille et une chaudes larmes versées pour lui
Toutes dans l’obscure clarté de la nuit
Les pleurs que j’ai versés à son départ
Sont-ils de chagrin, ou de joie de la liberté?
Les hommes comme lui ne sont pas rares
Je regarde devant, je fais face à mes nouvelles réalités
L’amour perdu
Lee Ann Mercier, groupe 46
Les rivières de mes larmes détruisent ma joie
Mon âme est dans le désarroi
L’éternité pour moi ne sera qu’un instant
Je ne suis plus rien pour toi maintenant
Il était devenu transparent
Comme si son esprit était inexistant
En une petite fraction de temps
Lui et son esprit sont partis en même temps
J’ai eu l’impression d’être abandonnée
Je suis allée boire une bouteille
Pour m’empêcher de penser
Qu’il aime une autre Mireille
J’ai vu lever le jour, j’ai vu lever le soir
Il n’avait plus de sentiments pour moi
Sans savoir pourquoi, je garde espoir
Espérant qu’un jour, il retrouve ses sentiments pour moi
Fin douloureuse
Émilie Lévesque, groupe 46
Toute la journée, je me suis morfondue
Toute la journée, je l’ai passée à me chagriner
Toute la journée, à mes appels, il n’a pas répondu
Toute la journée, je me suis demandé s’il y avait songé
Lorsque les cinq coups du carillon sonnèrent enfin
La porte s’ouvrit sur cet homme au regard vide
À ce moment, mille fois pire fut mon chagrin
Le seul regard auquel j’eus droit fut ce regard morbide
Il s’assit à table avec sa nonchalance habituelle
Il me tuait à petit feu avec ce silence si éloquent
Ses yeux s’illuminèrent lorsqu’il vit l’hirondelle
Il posa son regard sur moi, et ils redevinrent sombres au même moment
L’espoir revint enfin en moi lorsque sa bouche s’ouvrit
Mais j’aurais préféré être dans les catacombes
Et à cet instant, il m’annonça que lui et moi, c’était fini
Cette déclaration fut pour moi comme une bombe
Souper du soir
Samuel Ouellet, groupe 47
Serais-je capable de comprendre sa raison?
Pourrait-il prendre le temps de revenir?
Sans lui, j’ai perdu toute compréhension
Reviens, pour m’expliquer l’avenir!
Pourtant, tout allait bien entre nous
Pourquoi est-il parti aussi loin de moi?
Ton départ m’a enlevé le goût
De recommencer auprès de toi
Je continuerai mon chemin sans remords
Je mènerai ma vie à ma façon
Tu réaliseras que tu avais tort
Mais c’était peut-être la meilleure solution
Je me suis levée, la tête dans les nuages
Je ne pensais plus au fait qu’il m’avait laissée
Mais plus pourquoi il ne m’avait pas expliqué
Mais il n’y était plus, juste un autre mirage
Séparation
Anthony Parent, groupe 47
Il est revenu, je l’ai laissé me mater
Il s’est assis et m’a parlé
Il m’a annoncé qu’il allait me quitter
Alors, j’ai tout laissé tomber
Il est reparti, me laissant vexée
J’étais affaiblie, blessée, démolie
J’ai tout fait pour m’améliorer
Mais ça n’a rien changé à la vie
Il m’avait promis, il m’a trahie
Il est parti sans faire le moindre bruit
Voilà la tombée de la nuit
Encore une fois, je suis seule dans mon lit
Je me nourris et je m’ennuie
Voici ma routine à partir d’aujourd’hui
Je suis comme un nuage perdu dans le ciel
Alors que j’attends toujours son appel
Mais que c'est EXTRAORDINAIRE!! Bravo Isabelle d'avoir initié ce projet. Bravo à tous les poètes qui ont tous livré une superbe performance. J'ai adoré vous lire car cela faisait appel à votre imagination : l'après-poème. Jacques Prévert? c'est mon homme en plus, je l'adore. Théâtre : aussi pété que lui? Eugène Ionesco. Deux incroyables auteurs à découvrir. Merci.