Éléna Ouellet, collaboration spéciale
11 mai 2023
De peine et de misère, je courais à travers la forêt, essayant d’échapper à mon ravisseur. J’étais englouti par la noirceur de ce bois obscur. Soudain, je trébuchai sur une embuche qui se retrouvait sur mon chemin. Je ressentis alors une douleur aigüe au niveau de ma cheville. Je ne pouvais me permettre d’arrêter, pas maintenant. J’essayais de ramper pour m’enfuir, tout en regardant continuellement derrière moi. Soudain, je LE vis. Sur son cheval noir comme l’ébène, il me fixait sans pour autant me voir. Enveloppé de sa cape qui cachait ses pieds, le cavalier sans tête se trouvait devant moi.
Chapitre 1 – Maya la ratée
AAAAAAHHHHHHHHH !
Je me réveillai en sueur dans mon lit. Je me redressai rapidement pour me prendre la tête entre les mains. Quelques larmes chaudes avaient commencé à couler lors de mon réveil abrupt. Elles glissèrent lentement le long de mes joues en sueur.
Je regardai l’horloge le long de mon mur, trois heures et quart, m’indiquait celle-ci. Trois heures du matin, l’heure où les démons, les spectres, ou toutes autres entités apparaissent.
Moi, Maya Sinclair, suis une vraie ratée. Mes parents disent que je suis trop superstitieuse. Que je crois trop en l’irréel. Je n’ai pas d’amis à l’école et toute ma classe me trouve bizarre. Je suis en secondaire trois et j’ai quinze ans, bientôt seize. Dans un mois et demi.
J’entendis soudainement des pas venant de l’escalier et, trois secondes plus tard, la porte de ma chambre s’ouvrit comme un coup de vent. Je vis mes deux frères aînés en robe de chambre, prêts à se battre. Tom, né une seconde et trois quart plus vite qu’Alexandre, porte son bonnet de nuit bleu qu’il a reçu à son anniversaire. Alexandre, quant à lui, porte ses pantoufles de girafes garnies de saleté à cause de l’usure et du temps. Tous deux ont les cheveux en bataille et des poches sous les yeux. Je m’esclaffe intérieurement en les voyant. Mes frères ont une allure étrange durant la nuit.
- « Est-ce que ça va ? », me demande Alexandre.
- « Oui,» leur ai-je tout simplement répondu. « Ce n’est qu’un autre cauchemar, vous n’avez pas à vous inquiéter.»
Les jumeaux se dévisagèrent un moment pour finalement dire, sans émotion :
- « Bon ben, bonne nuit alors. »
Ils repartirent aussi vite qu’ils étaient arrivés, sans pour autant refermer la porte derrière eux. Je voulus leur signaler, mais j’y renonçai. Mes parents avaient sûrement déjà été réveillés par tout ce raffut. Je ne voulais guère les déranger de nouveau et me faire engueuler.
Je posai les pieds à terre et me levai pour aller refermer l’entrée unique de ma chambre. Le plancher était gelé comme de la glace à cette heure si matinale. Je franchis les quelques pas qui me séparaient de la porte en moins de trois secondes. Puis, j’attrapai la poignée pour finalement poser mon regard sur le couloir en craignant le pire. Personne ne sait exactement ce qui peut bien se cacher dans les ténèbres du couloir de sa maison à trois heures du matin. « Non, trois heures et demie», m’indiquait l’horloge. Je refermai la porte qui émit un son de craquement avant de se taire.
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